Corne d’Aurochs

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Il avait nom Corne d’Aurochs, ô gué! ô gué !
Tout l’mond’ peut pas s’app’ler Durand, ô gué! ô gué!
Il avait nom Corne d’Aurochs, ô gué! ô gué !
Tout l’mond’ peut pas s’app’ler Durand, ô gué! ô gué!

En le regardant avec un œil de poète,
On aurait pu croire à son frontal de prophète,
Qu’il avait les grand’s eaux de Versailles dans la tête,
Corne d’Aurochs.

Mais que le Bon Dieu lui pardonne, ô gué! ô gué!
C’étaient celles du robinet! ô gué! ô gué !
Mais que le Bon Dieu lui pardonne, ô gué! ô gué!
C’étaient celles du robinet! ô gué! ô gué !

On aurait pu croire, en l’voyant penché sur l’onde,
Qu’il se plongeait dans des méditations profondes
Sur l’aspect fugitif des choses de se monde…
Corne d’Aurochs.

C’étaient, hélas! pour s’assurer, ô gué! ô gué!
Qu’ le vent n’l’avait pas décoiffé, ô gué! ô gué!
C’étaient, hélas! pour s’assurer, ô gué! ô gué!
Qu’ le vent n’l’avait pas décoiffé, ô gué! ô gué!

Il proclamait à son de trompe à tous les carrefours:
"Il n’y a qu’les imbéciles qui sachent bien faire l’amour,
La virtuosité, c’est une affaire de balourds!"
Corne d’Aurochs.

Il potassait à la chandel’, ô gué! ô gué!
Des traités de maintien sexuel, ô gué! ô gué!
Et sur les femm’s nues des musées, ô gué! ô gué!
Faisait l’brouillon de ses baisers, ô gué! ô gué!

Petit à petit, ô gué! ô gué!
On a tout su de lui, ô gué! ô gué !

On a su qu’il était enfant de la patrie…
Qu’il était incapable de risquer sa vie
Pour cueillir un myosotis à une fille,
Corne d’Aurochs.

Qu’il avait un p’tit cousin, ô gué! ô gué!
Haut placé chez les argousins, ô gué! ô gué !
Et que les jours de pénuri’, ô gué! ô gué!
Il prenait ses repas chez lui, ô gué! ô gué!

C’est même en revenant d’chez cet antipathique,
Qu’il tomba victime d’une indigestion critique
Et refusa l’secours de la thérapeutique,
Corne d’Aurochs.

Parce que c’était à un All’mand, ô gué! ô gué!
Qu’on devait le médicament, ô gué! ô gué!
Parce que c’était à un All’mand, ô gué! ô gué!
Qu’on devait le médicament, ô gué! ô gué!

Il rendit comme il put son âme machinale,
Et sa vi’ n’ayant pas été originale,
L’État lui fit des funérailles nationales…
Corne d’Aurochs.

Alors sa veuve en gémissant, ô gué! ô gué!
Coucha-z-avec son remplaçant, ô gué! ô gué!
Alors sa veuve en gémissant, ô gué! ô gué!
Coucha-z-avec son remplaçant, ô gué! ô gué!





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